Le Tour de France possede, plus qu’ancune autre competition sportive, la faculte de fabriquer de la nostalgie en direct. A peine rangees dans un coin de notrre memoire, ses images jaunissent comme de vieux clichés. Ellesprennent aussitot les couleurs de l’enfance. C’est que la Tour de France nous transforme en spectateurs-et, depuis 1969, en telespectateurs. Il ne nous demande pas de l’emoigner, de rapporter, de consigner ou d prendre position. Non, il exige juste de nous que nous nous prosternions a son passage. Du toit ouvrant de sa rutilante automobile, le directeur de la course hurle: “Laissez passer la legende! Place a l’epopee!” Et nous d’obtemperer. Comment expliquer que tout un people, anime de l’esprit rebelled, de ses ancetres les Gaulois, s’incline, soumis, au passage d’une theorie de bonshommes chevauchant bicycle? Par quell mystere la Societe du Tour de France a-t-elle reussi la ou les legions romaines de Cezar ont echoue?
Les historiens affirment que chacune des editions de la Grande Baule colle a une realite, qui, pour n’etre pas instantanement perceptible, en assure toute fois le success immediate. Les psychalystes decretent du patrimoire se contentent, eux, de rester fermes: “Defeuse de s’appuyer contre le monument.” C’est martial mais efficace. Les psycholagues de la foule assurent que les spectateurs de bord de route ne sont pas la pour voir le peleton, mais pour se regarder, ensemble, dans un immeme miroir deformant.